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CANCER : la chercheuse Dominique Joubert Floch met KO les States

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CANCER : la chercheuse Dominique Joubert Floch met KO les States

Fuite d’information dans le milieu de la recherche médicale

Extrait sans autorisation d’une réunion scientifique rassemblant d’éminents oncologues, un simple feuillet intitulé « La Progastrine, un bio marqueur pluri-cancer », a attiré toute notre attention.

Dans ce document confidentiel d’une seule page, on découvre un tableau comparatif classant les performances de trois tests sanguins de dépistage du cancer. Information banale en apparence quand de nombreuses officines publient régulièrement leurs résultats, sauf qu’un détail ne nous a pas échappé : un des tests, le « DecodeLab », serait capable de détecter avec une grande fiabilité, dès les tous premiers stades, plusieurs types de cancers en un seul prélèvement.

Si l’existence d’un test aussi prometteur était validée, il pourrait s’agir d’une avancée scientifique majeure apte à révolutionner le dépistage précoce des cancers, au stade où les tumeurs ne sont pas encore un danger pour la vie des patients. Un enjeu immense, comme un grand pas sur la Lune dans le monde médical, avec l’espoir de faire baisser significativement la mortalité mondiale par cancer.

A la suite de cette indiscrétion délibérée, il était important de vérifier la réalité de cette découverte incroyable et d’identifier celui ou celle en étant à l’origine. Résultats : proposé par la société suisse ECS Screening , le test fait réellement l’objet d’essais cliniques à travers le monde, et oh surprise, le docteur Dominique Joubert Floch, une chercheuse française née en Bretagne, est bien à la genèse du procédé. Nous avons donc voulu en savoir davantage.

Un long parcours avant les découvertes

Dominique Joubert Floch est née en 1951 à Rennes. Elle voulait d’abord être physicienne et a fait ses études à l’université des Sciences de Rennes. Mais finalement elle a choisi la voie de la biologie et s’est vite engagée dans la recherche pour mieux comprendre ce qu’est la matière vivante.

En 1976 elle rejoint le laboratoire de Jean Racadot à la Pitié-Salpétrière, puis effectue son stage postdoctoral en Suède, au Karolinska Institutet de Stockholm, où elle développe des travaux sur la prostate hyperplasique humaine. De retour en France, elle rejoint Françoise Peillon dans son unité de recherche Inserm sur la physiopathologie de l’hypophyse humaine et travaille sur la compréhension des altérations des tumeurs de cet organe. Une période capitale pour elle car, en relation directe avec le corps médical et les patients, elle expérimente désormais le tissu humain et pas seulement celui des souris. En 1983-84, elle effectue une parenthèse à l’université de Californie San Francisco dans le laboratoire de Richard Weiner, où elle cherche à générer des anticorps.

Puis elle quitte Paris en 1991 pour Montpellier et rejoint le Centre CNRS Inserm de Pharmacologie Endocrinologie où elle dirige une équipe dédiée à l’analyse des voies de signalisation dans la cellule tumorale. Lorsque ce centre de recherche devient l’Institut de Génomique Fonctionnelle, elle y crée le département d’Oncologie.

Dès 2003, les bases de sa découverte sont posées, ce qui l’incite à créer en 2007 avec son mari Jean-François Floch une entreprise de biotechnologie, BioRéalités, pour donner suite à ses travaux de recherche. Parallèlement, elle assume son rôle de directrice du département d’Oncologie avec celui de la direction scientifique de l’entreprise. En 2011 elle choisit sa priorité, quitte la Fonction Publique et son poste de directeur de recherche à l’Inserm, pour se consacrer entièrement au développement d’une nouvelle thérapie contre le cancer et à la mise au point d’un test de dépistage précoce du cancer.

Qu’a-t-elle découvert et comment ?

Les travaux de recherche de Dominique Joubert Floch ont toujours porté sur le cancer et les altérations des mécanismes physiologiques dans les cellules tumorales. Elle a en particulier longuement étudié le cancer colorectal et les tumeurs de l’hypophyse.

Sa découverte essentielle est la suivante : quand une cellule passe de l’état normal à l’état tumoral, de nombreux mécanismes sont altérés dont un, toujours activé quel que soit l’organe, qui est appelé la voie oncogénique Wnt. L’activation de cette voie Wnt aboutit à l’expression de certaines protéines impliquées dans la prolifération des cellules tumorales et l’implantation des métastases. L’une de ces protéines est la Progastrine. La progastrine est physiologiquement produite par certaines cellules de l’estomac, cellules dans lesquelles elle est « maturée » en gastrine, hormone indispensable à la digestion. Dans ces conditions, il n’y pas de progastrine dans le sang. Mais lorsqu’il y a une tumeur, la progastrine sort de la cellule en tant que telle et a la particularité d’être indispensable à la survie et au développement des cellules cancéreuses, dont les cellules souches cancéreuses, véritable réacteur de la tumeur. De plus, du fait que la progastrine est secrétée par la cellule tumorale, elle est détectable dans le sang.

Une idée simple a alors germé : il était connu que la Progastrine exerçait ses fonctions sur la cellule tumorale une fois sécrétée à l’extérieur de la cellule et il devait donc être possible de la neutraliser avec un anticorps spécifique, créant ainsi une voie thérapeutique efficace. Dominique Joubert Floch a travaillé trois années avec son équipe pour comprendre l’importance de la progastrine comme cible thérapeutique, faisant déposer en 2006 un premier brevet par ses organismes de tutelle [Inserm, CNRS, Université de Montpellier et CHU de Nîmes]. Cerise sur le gâteau en 2008 : au fil des expériences, la révélation est qu’on retrouve la Progastrine dans une série de prélèvements provenant de patients ayant d’autres formes de cancer que le cancer colorectal, ce qui n’était absolument pas connu [aujourd’hui 15 cancers répondent à ce critère].

Un long processus avant d’élaborer une thérapie efficace

La suite est un véritable parcours du combattant : création d’un fonds d’investissement et recherche de contributeurs, montage d’une équipe thérapie, industrialisation du test avec marquage CE, organisation d’un tour du monde à la rencontre de médecins hospitaliers, engagement des essais cliniques partout sur la planète, création d’une société commerciale en Suisse pour que les partenaires acceptent de signer des contrats basés sur un droit stable, écriture des articles scientifiques sur la thérapie et sur le dépistage, enfin implantation du test sanguin.

Aujourd’hui, grâce à la grande fiabilité de détection de la Progastrine, DecodeLab est en passe de devenir le test sanguin universel pour l’aide à la détection précoce des cancers et les essais cliniques en cours continuent de convaincre la communauté scientifique internationale. De plus, DecodeLab peut également servir comme outil de suivi des patients, pendant et après la thérapie.

Notre enquête sur le sujet n’est pas terminée

Avec un peu de chance, nous avons mis le doigt sur un processus majeur qui doit répondre aux enjeux de santé du XXIe siècle car une personne sur deux sera confrontée au cancer dans sa vie. Dans notre région, l’Institut de Cancérologie de l’Ouest d’Angers est bien placé pour le savoir et attend sans doute avec intérêt les développements de cette surprenante histoire. Ce sujet planétaire nous intéresse et nous y reviendrons prochainement.

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