Angers

Cinémas d’Afrique: Au delà des lignes ennemies

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Credit MP – Lentsoe Serote

Cet après midi, à 17h, la Salle Chemellier à Angers accueillait la dernière rencontre avec les réalisateurs de cette 14ème édition du Festival Cinémas d’Afrique. Ce temps d’échange et de partage a permis aux spectateurs d’en apprendre plus sur les films projetés plus tôt dans l’après midi et notamment sur « Au delà des lignes ennemies » de Lentsoe Serote.

Venu à Angers pour présenter son premier long métrage « Au delà des lignes ennemies », Lentsoe Serote a choisi de débuter sa carrière dans le cinéma par un film politique. C’est un succès puisque son film a remporté le prix du jury au FESPACO, un des plus grands festivals africains, qui s’est déroulé en février dernier au Burkina Faso. Afin de mettre en images un sujet aussi « fort » que celui de l’apartheid, Lentsoe Serote s’est directement tourné vers la fiction, qu’il peut réellement contrôler, à l’instar du documentaire. Dans son film, il respecte avec aisance l’équilibre entre les faits réels et les éléments de fiction. Ce mélange, qu’il juge très intéressant, a aussi beaucoup facilité l’écriture des rôles.

« Au delà des lignes ennemies » met en scène Joan, la fille d’un fermier blanc dont la vie bascule lorsqu’elle découvre du jour au lendemain que son père est un tortionnaire impliqué dans des crimes politiques. Le premier défi de Lentsoe Serote aura été de se mettre dans la peau d’une femme, mais qui plus est, d’une femme blanche. Il s’est inspiré de ce qu’il voyait autour de lui, des blancs et de leur façon de vivre mais a également laissé beaucoup de liberté à l’actrice qui incarne Joan.

Pour lui, le film n’était pas possible sans les quelques scènes de violence et de torture. Son but était de toucher le cœur du sujet, sans quoi le film aurait été inutile. Durant l’apartheid, beaucoup de personnes disparaissaient sans explications, et étaient en réalité retenues et torturées par les blancs. Les enfants, les femmes des tortionnaires n’avaient pas connaissances de ces actes. « Au delà des lignes ennemies » montre justement qu’elle aurait été la réaction de ces femmes et de ces enfants s’ils avaient découverts la vérité, et quelle aurait été leur prise de position.

Le film n’est pas encore sorti en Afrique du Sud mais Lentsoe Serote anticipe déjà les réactions. « Au delà des lignes ennemies » montre certaines réalités de l’apartheid sans censure, ce qui pourrait ne pas plaire. Néanmoins, il pense que les spectateurs d’Afrique du Sud sont prêts à voir et recevoir son film. Pour Lentsoe Serote, ce premier film était aussi un moyen de montrer que les noirs ne sont pas les seuls à s’être battus contre l’apartheid et qu’il faut dépasser les préjugés racistes.

Manon Paret

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